Sur ce débat et la position d’Ibn Taymiyya, voir Chodkiewicz 1984a, p. 146-158 ; Laoust 1939, p. 179-203. », 30Après l’exposé sur les conditions de licéité de l’extase, le šayḫ al-islām positionne le soufi dans la hiérarchie spirituelle, telle qu’elle est définie par le Coran : « Ceux que Dieu a comblés de bienfaits ; avec les prophètes, les véridiques (ṣiddīqīn), les témoins (šuhadā’) et les vertueux (ṣāliḥīn) : voilà une belle assemblée !61 ». D. Masson traduit sābiqūn par « les premiers arrivés ». 64 Ibn Taymiyya, Maǧmūʿ al-fatāwā, vol. Sur leur implantation à Damas, voir Pouzet, 1991, p. 228-229. IX, p. 202-203 ; Māwardī, al-Nukat wa-l-ʿuyūn, vol. Denise, 2007 : « The Mongols invasions of Bilād al-Shām by Ġāzān Ḫān and Ibn Taymiyya’s three “anti-mongol” fatwas ». Les expressions « tomba foudroyé » et « Dieu se manifesta sur le Mont » proviennent de la traduction de D. Masson. Relativisant l’importance des désignations et des catégories qu’il a énumérées précédemment, Ibn Taymiyya conclut en invoquant la hiérarchie des croyants et leurs qualités intrinsèques selon la Révélation. Alors que d’autres estiment que leur état [extatique] est le plus parfait. Ainsi, il est mentionné que Muḥammad b. Sīrīn a dit : « Ce qui permettra de trancher entre nous et ceux qui sont foudroyés (yuṣʿaqūna) lors de l’audition du Coran, c’est [l’épreuve suivante] : celui qui tombe (ḫarra) lors de la récitation du Coran, [8] tandis qu’il est placé [en hauteur] sur un mur (ʿalā ḥā’it), alors celui-ci est sincère ». 89 Ibn Taymiyya, Maǧmūʿ al‑fatāwā, vol. 49 Kalābāḏī vante les bienfaits du samāʿ, de même que Ǧunayd y est favorable (voir Kalābāḏī, Traité de soufisme, p. 183-184). De même qu’il est mentionné des véridiques parmi les oulémas et des véridiques parmi les dirigeants (umarā’). L'exégète et historien Ibn Kathîr est l'auteur du célèbre tafsir de référence. Geoffroy écrit que « la pensée d'Ibn Taymiyya est riche et complexe mais actuellement on simplifie à outrance » et qu'« il n'aurait pas cautionné leurs massacres aujourd'hui »[61]. (Coran 57 : 16). Orientations spirituelles et enjeux culturels. Le soufisme n’échappe guère à cet effet de corrosion, dû à l’éloignement dans le temps de l’époque prophétique. Tandis que les rapprochés de Dieu (muqarrabūn)69, encore appelés les « devanciers » (sābiqūn)70, sont ceux qui se rapprochent de Dieu par les actes obligatoires suivis des actes surérogatoires (nawāfil). Ibn Taymiyya (d.1328) and his love of Tasawwuf and the leading Sufis. 102 La présente traduction a été réalisée à partir du texte arabe lu dans Ibn Taymiyya, Maǧmūʿ al‑fatāwā, p. 5-23. À l’exemple de Ḥallāǧ, que les maîtres [du soufisme], tels Ǧunayd le « Prince de l’Ordre » et d’autres, ont désavoué et exclu de la voie ; ainsi qu’il est rapporté par le šayḫ Abū ʿAbd al-Raḥmān al-Sulamī dans ses Ṭabaqāt al-ṣūfiyya, et par al-Ḥāfiẓ Abū Bakr al-Ḫaṭīb dans son Tārīḫ Baġdād. Et ainsi, on a mentionné d’autres, semblables aux [gens de Bassora] qui, dans leurs états spirituels (aḥwāl), le renoncement (zuhd), l’abstention scrupuleuse (waraʿ), la dévotion (ʿibāda) et bien d’autres choses, furent plus zélés que les Compagnons (QDA) et [allèrent au delà de] ce qu’avait prescrit le Messager. [11] Et, ceci est condamnable car la cause en est illicite. C’est même « un principe fondamental dans le concept historique d’Ibn Taymiyya (Olesen 1991, p. 55) ». Pour un aperçu des doctrines soufies incriminées par Ibn Taymiyya, voir Henri Laoust, « Le réformisme d’Ibn Taymiya ». 48Bien que destinée à un large public, L’épître des soufis dévoile les grandes lignes de la doctrine mystique du šayḫ al-islām. : Damas au viie/xiiie siècle : vie et structures religieuses d’une métropole islamique, Beyrouth, Dar el-Machreq . Et ainsi de suite. Quand Je l’aime, Je suis son ouïe par laquelle il entend, sa vue par laquelle il voit, sa main par laquelle il saisit et son pied avec lequel il marche. 177 Abū Ǧaʿfar al-Suhrawardī (m. 1191), le šayḫ al-išrāq. X, p. 5-15. Ainsi, il accuse les philosophes de mettre sur le même plan les prophètes cités dans le Coran et les législateurs grecs tels que Platon. Les préjugés sur Ibn Taymiyya et son école hanbalite, d’une part, et les difficultés spécifiques à l’approche de la mystique musulmane, d’autre part, ont été des obstacles majeurs à une étude approfondie sur les relations du savant hanbalite au taṣawwuf. En vérité, le soufi n’est qu’un véridique parmi d’autres classes (nawʿ) de véridiques ; c’est celui qui s’est distingué par le renoncement et la dévotion, selon une manière qui lui est propre et dans laquelle il s’applique. Anawati et Gardet (1976, p. 15) insistent sur la nécessité de « distinguer entre l’expérience mystique elle-même et son expression conceptuelle ou verbale ». 1Héritée de l’orientalisme du xixe siècle (Makdisi 1983, p. 43-49), et accentuée par l’avènement du wahhabisme et du salafisme, la réputation anti-soufie d’Ibn Taymiyya n’a cessé de voiler la réalité de son œuvre à portée mystique2. Garcin, Jean-Claude, 2006 : « Les soufis dans la ville mamelouke d’Égypte. En effet, rien dans la suite du texte ne laisse présager une telle option Ibn Taymiyya ne semble pas s’opposer au financement des confréries mais affirme que celui qui amasse les biens ne peut prétendre être un soufi. C’est pourquoi [12] [seule] la consommation du ḫamr aboutit à la sanction légale (ḥadd). L'orientalisme hanbalisant[58] dans un premier temps, puis le wahhabisme[59] et le salafisme, lui ont prêté la réputation d'anti-soufi. La relative abondance « d’arguments » en faveur d’une adhésion d’Ibn Taymiyya au « soufisme » ne saurait être décisive, sans un examen attentif des interactions entre le supposé adepte et les multiples dimensions de la mystique musulmane. (1957). Download PDF. En effet, l’instabilité politique91, la « crise morale et religieuse »92, la passivité des oulémas93, les périls extérieurs ainsi que le danger représenté par les minorités « rebelles »94, menacent, selon lui, la religion de Dieu, enseignée et vécue par le prophète de l’islam. ». 4Bien qu’en voie d’abandon, « l’abstraction outrancière et les procédés généralisateurs et comparatistes abusifs » (Chabbi 1977, p. 7) ont néanmoins constitué un obstacle majeur à des études plus approfondies sur le rapport entre hanbalisme et soufisme et plus particulièrement sur l’œuvre mystique d’Ibn Taymiyya. Rappelons que « soufisme » est un terme synthétique qui, dans sa réalité vécue, comprend une riche palette de types spirituels donnant lieu à diverses doctrines et pratiques6. Le traité de soufisme d'un disciple d'Ibn Taymiyya : Ahmad 'Imād al-dīn al-Wāsitī (m. 711/1311) idem, Le Soufisme en Égypte et en Syrie Sous les derniers mamelouks et les premiers ottomans (Damascus: Institut français d’études arabes de Damas, 1995), 95. C’est donc par Moi qu’il entend, qu’il voit, qu’il saisit, et qu’il marche. Concernant zāwiya, ḫānqā et ribāṭ à l’époque mamelouke, voir Garcin 2006, p. 17-26 ; Geoffroy 1995a, p. 166-175. Ibn ʿAṭiyya : al-Muḥarrar al-waǧīz fī tafsīr al-kitāb al-ʿazīz, Beyrouth, Dār al-kutub al-ʿilmiyya, 2001, 6 vol. Le salafisme (arabe : السلفية) est un mouvement religieux de l'islam sunnite, prônant un retour aux pratiques en vigueur dans la communauté musulmane à l'époque du prophète Mahomet et de ses premiers disciples  connus comme les « pieux ancêtres » (al-Salaf al-Ṣāliḥ )  et la « rééducation morale » de la communauté musulmane. 9Bien que formulée, la question de l’adhésion d’Ibn Taymiyya au soufisme reste somme toute secondaire aux yeux de l’islamologue. 34 Sur la méthodologie d’Ibn Taymiyya et les fondements de la religion, voir Laoust 1939, p. 226-259 ; Ibn Taymiyya, La profession de foi d’Ibn Tamiyya, p. 84, n° 260. ». En 2002, l'écrivain, poète, spécialiste du soufisme et animateur de radio à France Culture Abdelwahab Meddeb, dans son livre La Maladie de l'islam, a estimé qu'il était « peu estimé de ses érudits collègues [et] exaltait les foules incultes »[63]. 80 Ibn Taymiyya, Maǧmūʿ al-fatāwā, vol. Le soufisme et Les soufis seLon ibn taymiyya 1 Qais assef Institut français du Proche-Orient/École pratique des hautes études Héritéede l’o rientalismedu xxi e s iècle( M akdsii 1 983, p. 43-49), etacce ntuéep ar l’avènement duw ahhabismee tdu s alaisme, la réputationan ti … C’est pourquoi il y a parmi [les soufis], le rapproché de Dieu (al-sābiq al-muqarrab) de par son application et le modéré (muqtaṣad) qui fait partie des gens de la droite (ahl al-yamīn)167. 1: Semitische Studien unter besonderer Berücksichtigung der Südsemitistik. [Il est dit par ailleurs] que le taṣawwuf, c’est la dissimulation des sens spirituels (kitmān al-maʿānī) et l’abandon des prétentions (tark al-daʿāwī)161. (Coran 56 : 8-11). Il y a tout d’abord les soufis des « réalités métaphysiques » (ṣūfiyyat al-ḥaqā’iq), ceux-là mêmes qui ont atteint le degré de ṣiddīq. walī) ne sont pas exclusivement des soufis, de même que tous les soufis ne peuvent prétendre au statut de walī66. Qais Assef, « Le soufisme et les soufis selon Ibn Taymiyya », Bulletin d’études orientales [En ligne], Tome LX | mai 2012, mis en ligne le 31 mai 2012, consulté le 16 février 2021. 35 Ibn Taymiyya, La profession de foi d’Ibn Tamiyya, p. 84. (Coran 56 : 88-91). Pour rappel, cette position lui valut, en 1318, l’interdiction du sultan d’émettre des fatwā-s sur le sujet et, en septembre 1320, il fut condamné à l’emprisonnement pour avoir enfreint l’interdiction sultanienne. 123 C’est-à-dire le fait de tomber mort ou de perdre connaissance lors de l’audition du Coran. Son grand-père Majd 'ud-dīn 'Abu-l-barakat Ibn Taymiyya était un juriste reconnu du madhhab hanbalite. XI, p. 5-24, désormais : L’épître des soufis. Son « action est si étroitement liée à l’histoire des premiers Mamlouks qu’on ne peut pleinement comprendre l’une sans l’autre » (Laoust 1960, p. 2). Voir nos remarques supra, n° 156. De tels faits sont rapportés à propos d’Abū Yazīd [al-Bisṭāmī] par exemple, d’Abū al-Ḥasan al-Nūrī, d’Abū Bakr al-Šiblī et de leurs semblables44. Il fut notamment incarcéré pour son opposition au dogme asharite[13]. , Gerhard, 1996 : « The Major Sources of Sulamī’s Minor Qur’ān Commentary ». (Coran 19 : 58). Prejudices concerning Ibn Taymiyya and his Hanbali school, as well as specific difficulties in the approach towards Islamic mysticism, have been major obstacles to a comprehensive study on the relationship of Ibn Taymiyya to Sufism. [De même] qu’il se peut qu’il y ait parmi les riches un qui soit beaucoup plus méritant que [ces pauvres]. 92-93, 95. De plus, la majorité de ceux qui se disaient soufis ne connaissaient pas cette tribu et n’auraient jamais admis la filiation à une tribu antéislamique, n’existant plus à l’époque dont il est question. Ibn Taymiyya's Use of Ibn Rushd to Refute the Incorporealism of Fakhr al-Din al-Razi Hoover, Jon. Ibn Taymiyya (d. 728 H./1328 CE) Ibn Qayyim al-Jawziyya (d. 751 H./1350 CE) Ibn Rajab (d. 795 H./1393 CE) Furthermore, there is another unique manuscript, also found in the Princeton Library, of the work of Ibn Taymiyya himself, in a book named, Targhib al-Mutahabbin fi labs Khirqat al-Mutammayyazan by Jamal ad-Dan al-Talyani. Par conséquent, cette doctrine s’applique obligatoirement à l’ensemble des hommes (fa aqūlu : hāḏihi al-aʿmāl ǧamīʿu-hā wāǧiba ʿalā ǧamīʿ al-ḫalq). Ainsi, il est dit que le ṣūfī est celui qui est pur de tout ce qui est trouble (kadar), qui est empli de méditation, et pour qui l’or et la pierre se valent160. Et ainsi, on rapporte d’autres histoires à propos de ceux qui moururent à l’audition du Coran. 61 Coran 4 : 69 ; trad. Certains islamologues au contraire lui prêtent des affinités avec ce courant[60]. En revanche, le savant hanbalite estime le consensus des Salaf comme infaillible. La ligné Qadiri d'Ibn Taymiyya comme Cheikh Soufi. 13Bien que le cadre historique semble être celui des premiers renonçants (zuhhād sing. De retour du pèlerinage, dit « d’adieu », qu’il accomplit 45 C’est-à-dire aux trois fondements de la religion : le Coran, la Sunna et le consensus des Salaf. Quand Je l’aime, Je suis son ouïe par laquelle il entend, sa vue par laquelle il voit, sa main par laquelle il saisit et son pied avec lequel il marche. 101 Voir Ibn Taymiyya, Maǧmūʿ al-fatāwā, vol. De même, Kalābāḏī considère que l’état d’emprise (ġalaba) conduisant à la perte de discernement reste admissible, même si un état stable lui est préférable56. The epistle, which is the subject of this work, reveals not only his explicit approval of Sufism, but also a vigorous defence of this discipline against those who would condemn it as such. XI, p. 10-11. XI, p. 10. C'est le cas d'Éric Geoffroy, qui dénonce la récupération d'Ibn Taymiyya par l'État islamique, caricaturant et simplifiant sa pensée à l'extrême, à l'heure où Ibn Taymiyya est très cité sur les réseaux sociaux comme Twitter par des sympathisants du djihad. -} (Coran 8 : 2). Enfin, je salue le travail de relecture de Robin Beaumont, Jean-Charles Coulon, Jean-Yves L’Hopital et de mon épouse Georgette Musong Assef. Ibn Taymiyya, Ahl al-ṣuffa wa aḥwālihim, Ṭanṭa , 1990. Sur le rapport prophétie/sainteté et sur la doctrine de l’infaillibilité, voir supra, n° 62. 728/1328), who condemned its followers as heretical “unificationists” (al-ittihadiyya) bent on undermining divine transcendence and blurring the all-important borderline between God and his creatures. Ibn Taymiyya's Sufi inclinations and his reverence for Sufis like Abdul-Qadir Gilani can also be seen in his hundred-page commentary on Futuh al-ghayb, covering only five of the seventy-eight sermons of the book, but showing that he considered tasawwuf essential within the life of the Islamic community. Ṭabarī (al-), Muḥammad ibn Ǧarīr ibn Yazīd, Ǧāmiʿ al-bayān ʿan ta’wīl āyi al-Qur’ān, Le Caire, Hiǧr, 2001, 26 vol. Garcin (dir. La dernière modification de cette page a été faite le 17 novembre 2020 à 18:56. ʿAbd al-Raḥmān b. Muḥammad b. Qāsim, Beyrouth, Mu’assasat al-risāla, 1978, 37 vol. Il s'oppose à l'autonomisation de la raison et à l'universalité de la logique chez Averroès, philosophe aristotélicien[34],[35]. Selon lui, l’application personnelle (ijtihâd) des soufis et les divergences qui en découlent ont conduit certains imams à jeter l’anathème sur le soufisme en tant que tel. Ils seront récompensés dans la mesure de leur obéissance [à Dieu] et pardonnés pour leurs erreurs, comme Dieu le Très-Haut l’a dit : {Le Prophète a cru à ce qui est descendu sur lui de la part de son Seigneur. Selon eux, [le seuil] impliquant le payement de la zakāt est défini par la possession du quota minimum (niṣāb). 27 Ibn Taymiyya, Maǧmūʿ al-fatāwā, vol. [Ce groupe] est sans doute allé trop loin dans sa condamnation. Dans ce cas, nul blâme (malām) sur [l’extatique], ni sur ce qui peut émaner de lui [comme paroles] alors qu’il est dans un état d’absence de discernement138. La première catégorie [les compagnons de la droite] désigne ceux qui se rapprochent de Dieu par les actes obligatoires. Il pensiero di Taymiyya tornerà alla ribalta nel XVIII secolo, quando Muhammad ibn ‘abd al-Wahhab (m. 1792) lo integrerà tra le basi della dottrina wahhabita secondo un’attitudine più militante, sino a dichiarare legittima la guerra santa contro i sufi. Aucun musulman n'ignore l'importance que revêt la foi, sa grandeur et surtout ses nombreux avantages dont bénéficie le croyant tant dans ce bas-monde que dans … Mais les deux auteurs du XIVe siècle ont aussi influencé « les groupes les plus extrémistes » de l'islamisme contemporain, dont certains sont révolutionnaires et opposés à la monarchie saoudienne. Par ailleurs, il souligne qu’une partie des Ḥaqā’iq se base sur des chaînes de transmission faibles, notamment celles remontant à Ǧaʿfar al-Ṣādiq (m. 765)88. 26 Kalābāḏī, Traité de soufisme, p. 25-31. (2/2) », sur oumma.com, 2 juillet 2011 (consulté le 8 novembre 2020) (en) Daniella Talmon-Heller, « Historiography in the Service of the Muftī: Ibn Taymiyya on the Origins and Fallacies of Ziyārāt », Islamic Law and Society, vol. 19Conscient des « réalités métaphysiques » (ḥaqā’iq) sous-jacentes au terme « taṣawwuf », Ibn Taymiyya relativise ses manifestations extérieures et aborde l’essence même du cheminement soufi : les états spirituels, que Kalābāḏī nomme par ailleurs « les sciences des soufis32 ». Quant au terme « pauvre » (faqīr), il figure dans le Livre de Dieu et les propos de son prophète (PSDL)174. Ils attestent de Son unicité (waḥḥada-hu) dans leurs cœurs (ḍamā’ir). Sur la réaction d’Ibn Taymiyya contre la doctrine de la « sainteté » (walāya) chez Ibn ʿArabī (m. 1240), voir supra, n° 62. 156 Cette précision vise implicitement les doctrines qui affirmeraient l’infaillibilité du walī, et par extension sa suprématie sur le nabī. 45Dans L’épître des soufis, le šayḫ al-islām s’efforce de montrer que le terme taṣawwuf, loin d’être une appellation sans réalité, désigne une science islamique à part entière, au même titre que le fiqh. 40L’opinion générale d’Ibn Taymiyya sur le Ḥaqā’iq al-tafsīr est mitigée, estimant que si le signifié (madlūl) reste valide, en revanche, l’argument (dalīl) est erroné87. 106 À propos d’Ibn Ḥanbal (m. 855) et les « soufis », voir Melchert 2006, p. 103-120. Il existe d’autres définitions de la sorte. Figure incontournable de l’histoire islamique, Ibn Taymiyya (1263-1328), a inspiré et continue à inspirer de nombreux penseurs musulmans. C'est donc par la révélation et non par un exercice de leur raison que les hommes peuvent la connaître. Homerin a opté pour « les trois premiers siècles », ce qui, selon nous, est un contresens. 17Bien que ces allusions restent périphériques, l’épître illustre parfaitement l’étroite corrélation entre l’œuvre et l’environnement immédiat du savant hanbalite. 82 « […] wa ʿabadū-hu bi-’aḫlaṣ al-ʿibāda wa-inqādū ilay-hi bi-l-šawq wa-l-maḥḥaba », extrait de Sulamī, Ḥaqā’iq al-tafsīr, vol. , Esther, 1999 : « The Wahhābiyya and Sufism in the Eighteenth Century », dans F. De, Islamic Mysticism Contested : Thirteen Centuries of Controversies and Polemics, « {Seuls, sont vraiment croyants : ceux dont les cœurs frémissent à la mention du Nom de Dieu ; ceux dont la foi augmente lorsqu’on leur récite ses Versets ; - ils se confient en leur Seigneur. Makdisi, George, 1984 : « Soufisme et Hanbalisme dans l’œuvre de Massignon », dans Centenaire de Louis Massignon, Le Caire, Université du Caire, p. 79-85. Rāzī (al-), Muḥammad ibn ’Umar Faẖr al-Dīn, Mafātīḥ al-ġayb (al-Tafsīr al-kabīr), Beyrouth, Dār al-fikr, 1981. 91 Un aperçu de l’organisation de l’État mamelouk et de la rivalité entre émirs est donné dans Garcin 1995, p. 343‑352. Robin Verner — 12 août 2016 à 6h37. Ce qui a été mentionné à propos de la peur de ʿUtbat al-Ġulām, de ʿAṭā’ al-Sulaymī149 et des autres, est assurément une affaire remarquable. 15Ailleurs, le savant hanbalite fait allusion à « la fameuse divergence à propos de celui qui prononce la répudiation (ṭalāq) en état d’ébriété24 ». McGregor, Richard, 2009 : « The Problem of Sufism », Mamlūk Studies Review 13/2, p. 69-83. Il y a, d’une part, la tentative de rapprochement (taqarraba) du serviteur par ses actes et, d’autre part, l’action de grâce du Seigneur, qui fait entrer Son serviteur parmi Ses rapprochés (muqarrabūn)75. Et parmi les réprobateurs, il y avait ceux qui désavouèrent ceci123 [totalement] car ils y voyaient une innovation contraire à l’exemple (hady) des Compagnons, ainsi qu’il est mentionné à propos de Asmā’ et de son fils ʿAbd Allāh. Cependant, ils doivent [se conformer] à trois conditions : la première, c’est le respect de la loi divine (šarīʿa), c’est-à-dire accomplir les devoirs religieux (farā’iḍ) et éviter les interdits (maḥārim). Aspirant à concilier raison et révélation, Ibn Taymiyya est attaché à la doctrine du « juste milieu » (Wâsitiyya)[47],[48]. ». 26Mais l’extatique, perdant tout discernement, est d’autant plus excusable qu’un tel état est mentionné dans le Coran à propos du prophète Moïse, qui « tomba foudroyé lorsque Dieu se présenta au Mont53 ». modifier - modifier le code - modifier Wikidata. Emil, 1985 : « Ibn Taimīya’s al-ṣūfīyah wa-al-fuqarā’ », Arabica, 32, p. 219-244. La vérité, c’est que [les soufis] s’appliquent dans l’obéissance à Dieu, tout comme d’autres s’y sont appliqués. La langue [arabe] n'implique pas cette acception [...] Cependant, ces paroles doivent être mises au-dessus des suppositions non fondées. 148 Selon Kalābāḏī, « les états qui exercent plus ou moins leur emprise peuvent être la peur, la crainte révérencielle, la vénération profonde, ou la honte ». Nous constatons que le pluriel n’a été que rarement employé dans ce genre de questionnement. Voir Pouzet 1991, p. 228 ; Garcin 2006, p. 22. à propos des ṣūfiyyat al-arzāq, E. Geoffroy (2010, p. 71) écrit : « Les résidents des ḫānqāh étaient, paraît-il, si prospères que le voyageur Ibn Ǧubayr, visitant Damas au xiie siècle, voyait en eux ‘‘les rois de ce pays’’. XI, p. 6. Il va même jusqu’à excuser les paroles insensées proférées par ces derniers alors qu’ils sont en état d’ivresse spirituelle[27]. 13 Sur les voies soufies, voir Gril 1996b et Geoffroy 1996. De même, il est attesté que la pratique du samāʿ, à son époque, était dans certains cas accompagnée de danse et de vin22. Ibn Taymiyya's Use of Ibn Rushd to Refute the Incorporealism of Fakhr al-Din al-Razi Hoover, Jon. En effet, ce [vacillement] le mènera soit à la mort, soit à la maladie ou bien à la folie. Et il y avait dans cette ville ceux qui suivaient la voie de la dévotion (ʿibāda) et du renoncement (zuhd), en s’y appliquant à leur manière (iǧtihād). Il est donc connu que le taṣawwuf est originaire (manša’) de Bassora. 180 Sur le thème de l’hésitation de Dieu, dans le cadre de ce hadith, voir textes d’Ibn Taymiyya dans Michot 2004. 20L’apparition tardive du terme et du « phénomène » soufi à Bassora ne fait pas pour autant du taṣawwuf une innovation (bidʿa) aux yeux d’Ibn Taymiyya. ), Les autorités religieuse entre charisme et hiérarchie. », Studia Islamica 83, p. 51-70. On voit aussi que le commentateur, Abd ar-Rahman ibn Nasir as-Sadi, rajoute qu'il y a donc une volonté universelle et également prédestinée mais aussi une volonté légale et religieuse (irâda shar`iyya dîniyya) : Allah a voulu, en droit, que Ses serviteurs L'adorent et Lui obéissent. Ils sont, selon lui, rares et ne fréquentent pas nécessairement les ḫānqāh. Shihab al-deen 'Abd al-Halim ibn Taymiyyah, Opinion sur la mystique musulmane (soufisme), « ordonner le bien et interdire le blâmable », « qui ne savaient pas [qu’ils enseignaient des contre-vérités] parce que leur perfection relève de la faculté pratique (, After his death in prison in 1327, the Muslim scholarly community largely ignored Ibn Taymiyya's radical ideas, « par les services de propagation de la foi du régime conservateur de Riyad n'en empêchera cependant pas l'usage par les courants les plus radicaux », « la pensée d'Ibn Taymiyya est riche et complexe mais actuellement on simplifie à outrance », « il n'aurait pas cautionné leurs massacres aujourd'hui », « Ibn Taymiyya est sorti de son anonymat en Occident et de l'oubli relatif où il demeurait au Moyen-Orient pour se trouver drapé dans une légende noire, moulé dans une réputation sulfureuse faisant de lui l'avocat postmortem du djihadisme califal », « l'irrationalisme de Ghazâlî et d'Ibn Taymiyya et à adopter le rationalisme d'Ibn Rushd », « conceptions obscurantistes et réactionnaires », « peu estimé de ses érudits collègues [et] exaltait les foules incultes », Majmû'u Fatâwâ Shaykh il-Islâm Ibn Taymiyyah, Taqī ad-Dīn Abu 'l Abbās Ahmad ibn 'Abd al-Halīm ibn 'Abd as-Salām ibn 'Abdullah ibn Taymiyya al-Harrānī, تقي الدين أبو العباس أحمد بن عبد السلام بن عبد الله ابن تيمية الحراني.
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